Tapada Nacional de Mafra: Un ancien camp de chasse du roi où les abeilles sont reines.

Tapada Nacional de Mafra: Un ancien camp de chasse du roi où les abeilles sont reines.

13 Avr 2018

13 Avr 2018

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Tapada Nacional de Mafra: Un ancien camp de chasse du roi où les abeilles sont reines.

C’est avant le lever du soleil que nous avons rejoint Luis Estrela dans un quartier en périphérie de Lisbonne. L’avocat de formation, apiculteur de pratique, nous attendait pour déguster un copieux petit déjeuner avant de nous faire découvrir son bureau en nature. C’est que Luis avait troqué depuis quelques temps le droit pénal pour une cause qui lui était encore plus chère: celle des abeilles.

Après avoir enfilé nos pingados caféinés à souhait, nous avons suivi le pick-up de Luis jusqu’à la grandiose entrée du parc national non loin de la ville de Mafra. Quelques majestueux édifices longeaient le sentier qui aboutissait dans la forêt. Dès les premières minutes, nous fûmes frappées par le charme baroque de ces lieux, et pour cause: Luis nous apprit qu’il s’agissait du terrain de chasse des monarques portugais du 18e au 20e siècle.

À l’entrée de ces terres se trouvait son modeste bureau: une jolie cabane en bois remplie d’artefacts ayant trait à la nature, mais surtout à l’apiculture. Ce quartier général était adjacent à une clairière où plusieurs bancs trônaient en plein air pour accueillir les étudiants et autres curieux qui participaient à ses séminaires. C’est là que Luis faisait ses recherches et communiquait à qui voulait bien l’entendre les multiples raisons qui l’ont mené à protéger les abeilles avant de plaider pour quelconque autre cause.

Après nous avoir expliqué à l’aide d’une maquette les bases de ce qu’il faut savoir sur une ruche, il était maintenant temps de voir la vérité en face. Luis nous fit embarquer dans la boîte de son camion et nous amena au point le plus haut du parc où s’élevait une maison blanche sans prestance au bout d’une allée de vieux platanes: c’était la Casa do Mel (la maison du miel). Toute l’équipe enfila un équipement qui recouvrait le corps au grand complet et nous nous dirigeâmes vers les ruches dans nos drôles d’accoutrements. Nous nous rendîmes aux ruches quelques centaines de mètres plus loin en ramassant sur le chemin des branches d’eucalyptus qui serviraient de combustible pour enfumer les ruches et ainsi signaler notre présence aux abeilles.

Nous étions enivrées par la bonne odeur de fumée d’eucalyptus, mais nos sourires se crispèrent quand Luis ouvrit les ruches et que les centaines d’insectes se mirent à s’envoler autour de nous dans un vrombissement beaucoup plus intense que celui des ruches sur le toit du Ferreira à Montréal. La crainte fit rapidement place à un silence d’étonnement et d’émerveillement lorsque Luis nous pointa quelques abeilles qui étaient en train de naître, tentant de peine et de misère de s’extirper des alvéoles qui les avait accueillies ces derniers jours.

Cette expérience inoubliable fut suivie par une autre expérimentation marquante. De retour à la Casa do Mel, Luis nous fit goûter à différentes variétés de miel, dont les goûts variaient selon les pollens à proximité de chaque ruche. Nous fûmes très étonnées de constater à quel point la saveur de chaque récolte était unique. Nous finîmes cette dégustation avec le miel du Ferreira (produit en collaboration avec Alvéole) et Luis me dit qu’il aimait particulièrement son goût mentholé. Cet échange avec ce passionné inspirant et ses abeilles, au-dessus des nuages, restera à jamais gravé dans mes papilles et ma mémoire.

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